Promenade dans le Jardin Médiéval (suite). Inspiré du Livre d’Heures d’Anne de Bretagne (XVIème siècle)

Je vous invite à poursuivre notre promenade dans les jardins disparus, d’après les Grandes Heures d’Anne de Bretagne.  

Nous nous sommes arrêtés sur un banc entourés de lupins de pivoines, de myosotis et de pervenches.

Notre regard est attiré par une fontaine, un bassin, au centre des jardins. Image idéale de l’eau donnant naissance aux quatre fleuves du paradis, cet élément est toujours présent dans ces jardins.

Cette « eau abondante » irriguait et arrosait les jardins, mais son abondance même entraînait dans certains endroits une stagnation propice aux plantes aquatiques,ou aimant l’humidité.

Ici pousse l’élégante Massette. Déjà citée par Dioscoride*, sa racine était réputée efficace contre les fièvres aiguës, sous forme broyée en une sorte d’emplâtre qui servait à se débarrasser des épines. Près d’elle, la grande Lysimaque. Elle est si décorative avec ses longues tiges ornées de fleurs jaunes, qu’elle est parfois cultivée comme plante ornementale. A l’époque des Grandes Heures, son rôle semble s’être borné à fournir de la teinture jaune. Elle partage pourtant avec la Salicaire commune des vertus astringentes et hémostatiques exploitées depuis.

Les jeunes pousses et la moelle des tiges de la Salicaire étaient consommées, ainsi que ses feuilles et ses boutons confits dans le vinaigre. Il en a longtemps été de même (peut-être encore?) pour le Populage ou Souci des Marais, surtout utilisé maintenant comme révulsif.

Le Chanvre d’eau, seule variété de chanvre à croître en Europe à l’état sauvage, et dont la présence dans un sous-bois est signe d’eau. Ficelles et filasse semblent bien avoir été l’usage principal de cette plante.

La Laiche des Rives est la seule représentante ici d’une famille très répandue (près de quatre-vingts dans nos régions).

L’Alisma ou Plantain d’eau, l’Aunée, que l’on retrouvera, cultivée, dans le « Jardin des Simples », pour ses vertus médicinales appréciées.

La Fléchière ou Sagittaire, qui ressemble à une algue, graminée des endroits humides.

La Pulicaire Dysentérique, humble petite fleur jaune, proche de la pâquerette, dont l’autre nom d’Herbe à la Dysenterie, dit bien l’usage médical qui lui était attribué.

L’Ajonc, ou Jonc Marin, avait peut-être des vertus thérapeutiques maintenant oubliées. Mais il était utilisé en teinturerie pour le pigment jaune qu’il contient.

Nous rencontrons aussi dans cette partie fraîche et humide des jardins, les cressons : Cresson de Fontaine, Cressonnette et Cresson Alénois. Nous les connaissons toujours pour le même usage de salade et de légumes, ou comme antiscorbutique. Les graines du Cresson Officinal, par exemple, soignaient la paralysie de la langue et ses feuilles celle des membres, les douleurs des jointures. Les cressons « nettoyaient la poitrine des grosses humeurs ». Mais pour les autres familles, des menthes et des véroniques, nous nous contentons de saluer les membres que nous croisons ici, comme la Véronique Beccabunga ou la Menthe Aquatique.

Des fleurs, accompagnent les iris au bord de l’eau, comme le Lychnis Cuculi et la Glaucière Jaune, ou Pavot Cornu, cette plante diurétique, amie de la rate et du foie, était censée « donner de bonnes couleurs ».

Pour terminer cette promenade, nous longeons un chemin planté de grandes fougères décoratives. Les fougères étaient particulièrement bénéfiques pour les enfants, puisqu’elles étaient censées guérir les petits malades, simplement en brûlant ses feuilles sous leur lit. De plus, leurs branches déposées autour des berceaux étaient charger de protéger les nouveau-nés des maléfices du Diable.

J’espère que cette promenade vous aura plu, si vous le souhaitez, nous pourrons continuer, vers le potager et les simples. Il suffit de me le demander gentiment.

Source : Toujours le livre intitulé : Promenade dans des jardins disparus. Les plantes du Moyen-Âge d’après les Grandes Heures d’Anne de Bretagne.

* Dioscoride, est né en Cilicie, à Anazarbe. Ce Grec d’Asie Mineure étudia la médecine à Alexandrie puis à Athènes où il fut l’élève de Théophraste. Venu à Rome, il devint médecin militaire des légions sous Néron et parcourut, entre 54 et 68, une grande partie de l’Europe, mettant à profit ses voyages pour approfondir ses connaissances cliniques et botaniques. Il en tira les éléments d’un ouvrage qui est la première description des remèdes et de leur préparation. Ce traité en six livres, « De universa medicina », contient la description de six cents plantes médicinales, dont plusieurs étaient inconnues avant Dioscoride.

Dame Tiffen, le 27/12/2018.

Massette
Lysimaque
Fléchière ou Sagittaire
Publicaire Dysentérique
Jardin Médiéval

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