Rire au Moyen-Age (Le rire dans les règles monastiques).
Voltaire a écrit : « Les hommes qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas gais ».
Ne cherchons pas des causes métaphysiques, mais les attitudes au Moyen Age.
Dans son roman Le Nom de la Rose, Umberto Eco accordait au rire une importance assez grande dans la société et la culture médiévales. Le rire y est l’objet de la détestation du moine ultra-rigoriste Jorges de Burgos.
Le rire avec l’oisiveté est le second grand ennemi du moine. Dans les premières règles monastiques, celles du Vème siècle, le rire apparait en général au chapitre sur le silence le taciturnitas. Le rire est la façon la plus horrible, la plus obscène de rompre le silence.
La répression du rire a été une des préoccupations importantes des législateurs monastiques. Le plus célèbre et le plus influent de ces législateurs grecs est Saint-Basile. Saint-Basile est par ailleurs l’introducteur d’un topos qui aura aussi en Occident un grand succès au Moyen Age et sera un argument contre le rire. Jésus, modèle que le chrétien doit imiter, n’a pas, durant sa vie terrestre, ri une seule fois, comme l’atteste l’Evangile.
On voit ensuite chez Saint-Benoit en particulier, au VIème siècle, que le rire évolue dans le domaine du silence vers le domaine de l’humilité, le rire étant contraire à l’humilité. On entre donc là dans une autre constellation de sensibilité, de dévotion.
Si l’on regarde les représentations dans les images, dans l’art, on ne trouve aucun effort pour représenter le rire. Tardivement, on voit affleurer le sourire dans l’art, dans la sculpture : les fameux anges au sourire, le thème des vierges sages et des vierges folles, où les vierges sages sourient et les vierges folles ricanent.
Le rire est le propre de l’homme. Le moine, homo lugens, hommes de pleurs, laissait parfois apparaître son visage hilare, d’homo risibilis, un homme, à la différence des animaux, capable de rire.
Source Jacques le Goff.
Dame Tiffen, le 13/11/2018.
Merci Dame Tiffen pour ce très intéressant article, sur un sujet très polémique à l’époque, mais encore actuel : Peut-on rire de tout ? Et avec tout le monde ?
Pouvons nous rire de tout , oui mais pas avec tout le monde.