Comment expliquer un tel engouement pour un ouvrage dont le texte principal est une version latine des Quatre Évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) de la vie de Jésus, qui se trouve également copié dans une multitude d’autres livres produits à partir du Moyen-Âge, en Irlande et dans le reste de L’Europe ?
Les symboles des Évangélistes font préambule à l’Évangile selon Matthieu. L’homme de Matthieu, ( Considéré comme l’auteur du tout premier évangile (qu’il entame avec la généalogie de Jésus), Matthieu apparaît dans le livre de Kells sous la forme d’un homme. Il symbolise l’humanité de Jésus (sa naissance et son incarnation). Le lion de Marc,(Marc dans sa figure du lion est l’illustration de la force). le bœuf de Luc (Luc débute son évangile dans le temple avec l’annonce de l’ange Gabriel à Zacharie puis à Marie (l’annonciation). C’est aussi dans le temple que l’on sacrifiait (en offrande) des taureaux à Dieu). et l’aigle de Jean sont dotés d’un nimbe et d’une paire d’ailes (deux paires pour le bœuf) (Si Jean prend le symbole de l’aigle, c’est vraisemblablement dû à la hauteur de l’analyse dont il fait preuve dans la rédaction même de son évangile saint Jean). L’homme brandit un flabellum, tandis que l’aigle pose ses serres sur un livre ou marche-pied.
Pour qui le contemple, le livre de Kells se distingue par la richesse de l’imagination artistique, la finesse de l’exécution, la vivacité des couleurs et la prouesse de la calligraphie.
Le Livre de Kells associe pleines pages d’ornementation et transcription des textes évangéliques afin d’éclairer par l’image un public qui se rendait à l’église pour y être guidé sur son chemin de vie, en même temps qu’ébloui par la splendeur et la couleur. Le fait qu’il ait été exécuté en plusieurs phases est d’ailleurs l’un de ses traits les plus curieux. La diversité qui transparaît dans la manière et les usages des scribes, dans la texture et le gammage du vélin ou encore dans l’usage de la couleur contraste avec l’uniformité de production des autres grands manuscrits issus de ce monde insulaire que formaient l’Irlande et la Grande-Bretagne entre 600 et 900.
Le latin médiéval employé dans le Livre de Kells ignore les lettres j, v et k. L’orthographe apparaît erratique, avec de nombreuses confusions entre les lettres y et i, œ et e, m et n, b et p. Le doublement des consonnes, fréquent dans les manuscrits insulaires, se manifeste notamment par de nombreux ss et, dans un seul cas, par un double t (dans le mot tettigisset).
Le Livre de Kells est mentionné pour la première fois en 1007 dans les Annales d’Ulster, qui relatent ainsi le vol du manuscrit : « Le grand Évangéliaire de Columcille [Colomba], a été sournoisement dérobé en pleine nuit dans la sacristie occidentale de la grande église de pierre de Cenannas [Kells].
Le livre de Kells a connu au moins cinq reliures différentes. La reliure actuelle est due à l’intervention de Roger Pawel, en 1953. Les feuilles dont beaucoup s’étaient racornies, furent aplanies par un soigneux procédé d’hydratation et de mise en tension, les rapiéçages de Mullen furent supprimés, et le livre fut scindé en quatre volumes, un pour chaque Évangile. Cette dernière opération fut rendue nécessaire par la surépaisseur due à l’ajout de liserés en lin au bord des feuilles isolés et des bifolia endommagés.. La reliure de 1821, a entraîné de lourds dommages causés au livre. Les pages ont été coupées et par conséquent, plusieurs des enluminures et une partie du texte ont été détruites.
Sa couverture en or sûrement sertie de pierres précieuses fut arrachée. Malheureusement, on ne l’a jamais retrouvée. Ses pages laissées sans protection furent jetées dans un fossé, puis retrouvées quelques temps après, abîmées par la pluie et le vent.Le manuscrit regagna Kells jusqu’en 1541, année où l’Église catholique romaine le prend sous sa protection. 120 ans plus tard, l’archevêque Ussher décide de rendre le livre de Kells en en faisant don au Trinity College de Dublin.
Le livre de Kells est si riche et si complexe qu’à bien des égards son étude se passe de toute référence extérieure.
Un trésor de l’Humanité ce Livre de Kells, que j’ai eu le privilège d’admirer au Trinity College de Dublin. Je suis encore et toujours émerveillé par le travail des copistes et enlumineurs anonymes qui ont créé ce bijou. Merci à Dame Tiffen pour son article qui nous fait partager cette passion du livre.
Merci beaucoup Maître !
Merci pour cette intéressante présentation. La cupidité et l’ignorance ont engendré vols et pertes mais toutes les restaurations avaient pour but de CONSERVER ce trésor. Bien sûr on a l’impression que certaines restaurations ont plutôt détruit l’objet dont la fragilité n’a pas toujours été respectée mais cet ouvrage a tout de même traversé plus de 1000 ans et c’est admirable.
Merci pour cet adorable commentaire Milena, j’apprécie beaucoup !
Merci pour ce bel article, bien documenté et illustré. La passion pour le sujet est perceptible à chaque ligne : elle les vivifie et fait de ce travail bien autre chose qu’un exercice académique.
Bravo.
Merci beaucoup mon cher Jean-Christophe, je suis heureuse que tu aies senti la passion qui m’a animée à chaque ligne. C’est pour moi un trésor (que je n’ai toujours pas rangé), il est à portée de vue et m’accompagne dans ma vie quotidienne.
Merci beaucoup de ce commentaire touchant et pour bien plus encore………..