Le nom de Berzé-la-Ville apparaît dès 1042 dans les sources textuelles de l’abbaye de Cluny.
C’est seulement en l’an 1000 que l’abbaye de Cluny obtient la propriété pleine et entière du prieuré de Berzé-la-Ville, suite à de nombreux échanges, achats et aussi alliances finement arrangés par l’abbé Hugues de Semur (1049-1109).
Le prieuré et la chapelle sont alors construits. Le programme iconographiques du décor peint est probablement conçu à ce moment-là.
C’est en 1887 que Philibert Jolivet, curé de la paroisse de Berzé-la-Ville, décela des traces de peintures sous l’épais badigeon des murs. Les peintures de la chapelle des moines de Berzé-la-Ville sont un chef-d’œuvre de la peinture murale du XIIe siècle. Elles sont les seuls témoins de la peinture monumentale clunisienne au moment de l’apogée de l’abbaye.
La chapelle est le seul vestige visible du prieuré médiéval. Construite sur deux niveaux, elle prend appui directement sur la roche.
La chapelle Basse :
Le sol semble ne jamais avoir été dallé. Deux petites baies percées dans l’abside permettaient l’apport d’une faible lumière. Les fonctions de cette chapelle restent encore imprécises.
La chapelle haute :
On entre dans la chapelle haute par la façade occidentale et on fait face au décor de l’abside. Le Christ domine l’intégralité de l’espace par sa position et ses dimensions.
Le sujet traité dans le cul-de-four trouve ses origines dans l’art paléochrétien. Il s’agit de la “Traditio legis” : Le Christ montre sa loi et la remet à saint-Pierre. Le peintre a réussi à répartir plus de quarante personnages dans cet espace restreint.
Le cul-de-four :
Les apôtres sont répartis en deux groupes de six, de part et d’autre du Christ. En plus petit, sont représentés, à la droite du Christ, les diacres Vincent et Laurent et, à sa gauche deux abbés de Cluny. Ce choix iconographique permet de positionner les abbés de Cluny dans la lignée directe des apôtres.
Les fenêtres :
Six saintes sont représentées en buste dans les écoinçons à la base de la voûte. Cinq portent une lampe, sauf Consortie, à droite, qui porte une croix. La représentation de ces saintes évoque la parabole des vierges sages et des vierges folles relatée dans l’évangile selon saint Matthieu.
Les arcatures aveugles
De part et d’autre des ouvertures, les arcatures aveugles sont occupées par des scènes de martyres. A gauche, on peut voir le martyre de saint -Blaise dans la partie haute, une femme lui rend visite en prison et lui offre une tête de cochon pour se nourrir. Dans la partie basse, le saint se fait décapiter. A droite, il s’agit du martyre de Saint Vincent de Saragosse, les bourreaux sous les ordres du gouverneur Dacien maintiennent le saint étendu sur le gril. Ces deux saints faisaient l’objet d’une grande vénération à l’abbaye de Cluny.
Le registre inférieur de l’abside :
Huit saints sont identifiés par des inscriptions aujourd’hui partiellement effacées (Abdon, Sennen, Dorotheus, Gorgon, Sébastien, Sergius, Bacchus, Dionysus, Quintius). Ces saints orientaux et occidentaux sont, pour la plupart très peu connus mais ils sont tous inscrits au calendrier liturgique de Cluny et leur reliques étaient conservées dans le trésor de l’abbaye de Cluny.
Une relation particulière et des liens économiques
L’abbé Hugues de Cluny est très impliqué dans les tractations qui permettent l’acquisition des terres de Berzé-la-Ville. D’autre part, les revenus fonciers du lieu doivent permettre de fournir une “pleine pitance” au couvent et à l’infirmerie de Cluny chaque année. Cela signifie que la production des terres agricoles de Berzé-la-Ville sert à nourrir l’ensemble des moines de Cluny une fois par an et ce, même après la mort de l’abbé.
Photos personnelles
Whoaw, c’est une magnifique visite !
Bravo Dame Tiffen