Les matériaux naturels étaient à peu de chose près les seuls dont nous disposions jusqu’au XIXe siècle. La nature est riche de couleurs, que les hommes ont su très tôt exploiter. Pour peindre ou calligraphier, les couleurs naturelles proviennent fréquemment du monde minéral, ou bien d’organismes vivants, à savoir de très nombreuses plantes et de quelques animaux.
Les pigments d’origine minérale :
Cinabre : Le cinabre est un minerai exploité depuis des millénaires. De couleur rouge, c’est le pigment des fresques de la villa des Mystères à Pompéi. Il a l’inconvénient de s’assombrir et de s’altérer en présence de la lumière du soleil ou de la lune.
Orpiment : L’orpiment est un sulfure d’arsenic. Il a été abondamment utilisé comme pigment depuis l’Antiquité. Il ne l’est plus à cause de sa trop grande toxicité.
Malachite-vert : La malachite à base de cuivre est une pierre d’un super vert émeraude lumineux. Utilisé en peinture, le vert obtenu avec la malachite a tendance à noircir en vieillissant.
Lapis-Lazuli-Bleu : Le lapis- lazuli est une pierre ornementale bleue dont le principal gisement se trouve en Afghanistan. La pierre broyée en poudre fine permet d’obtenir un pigment bleu outremer intense.
Vert-De-Gris : Le vert-de-gris est le résultat de l’oxydation du cuivre par l’air ou par les acides. Ce pigment a été utilisé pour réaliser des enluminures du Moyen-Age, mais il a l’inconvénient outre sa toxicité, d’attaquer le papier.
Minium-Rouge : Le minium est un pigment rouge orangé à base de plomb, son usage date de l’Antiquité, puis fut progressivement abandonné à cause de sa toxicité.
Céruse-Blanc : La céruse est un pigment blanc très couvrant à base de plomb également, malgré sa haute toxicité reconnue, provoquant la maladie : le saturnisme. La céruse a été trop longtemps utilisée, surtout en peinture murale. Même en cosmétique, la céruse entrait dans la composition des fards blancs du XVIIIe siècle.
Ocres : Citons enfin les ocres qui eux, ne sont pas toxiques donnant des rouges et des jaunes d’une grande variété, grâce à la présence de fer oxydé, et que l’on retrouve abondamment dans les enduits de murs à la chaux.
Les pigments d’origine animale :
Les couleurs obtenues à partir d’animaux sont peu nombreuses. La célèbre pourpre de l’Antiquité est issue d’un coquillage méditerranéen, le murex, dont certaines espèces ont disparu à cause de leur exploitation intensive. Quant au rouge tiré de la cochenille récolté sur les agaves mexicains, c’est l’une des plus belles couleurs que l’on puisse produire. Citons également l’encre de sèche appelée aussi sépia. C’est un liquide sécrété dans la poche de certains céphalopodes qu’ils expulsent quand ils se sentent en danger.
Les pigments d’origine végétale :
Il existe pléthore de plantes riches en colorants, dont un bon nombre est utilisable pour la fabrication des encres. Contrairement aux pigments minéraux, les colorants contenus dans ces plantes sont des molécules organiques, c’est à dire contenant du carbone, de l’oxygène et de l’hydrogène.
Les encres ferro-galliques :
De nombreux écrits de Galilée tombent en miettes, les partitions de Jean-Sébastien Bach s’autodétruisent. Ces documents, comme d’autres manuscrits anciens, se dégradent de façon irréversible. A l’endroit de l’écriture, le papier est malheureusement troué, comme si l’écriture l’avait brulé. Les grandes bibliothèques ont pour vocation de conserver les documents sur le long terme. Des expériences ont été menées en particulier au sein des laboratoires de la Bibliothèque Nationale de France, pour comprendre les facteurs qui dégradent le plus le papier, et ainsi améliorer la conservation et la restauration des manuscrits anciens.
Source : Encre de plantes , Elisabeth Dumont