L’ART ROMAN

En français, le terme roman est ambigu : à la fois adjectif et substantif.
L’art que nous appelons roman est une magnifique invention du XIXe siècle. En 1818, l’érudit Charles de Gerville utilise le terme pour désigner une architecture située au XIe et XIIe siècle.
On divisait alors cet art géographiquement : gothique saxon, gothique lombard, gothique normand. À l’époque romantique, en effet, on croyait fermement que l’art gothique était d’origine germanique et l’on était gêné pour désigner ce <<gothique ancien>> dont les caractères méridionaux et les ressemblances stylistiques avec l’art romain antique étaient évidents. Sous la plume des archéologues et des historiens de l’art monumental,  l’adjectif « roman » fait son apparition à l’horizon des années vers 1820 il met fin à cette difficulté de vocabulaire et souligne avec plus de force ces liens avec l’Antiquité : L’art roman apparaît désormais non plus comme un art d’origine germanique mais comme un art romain tardif et plus ou moins abâtardi, sinon dégénéré.  
Faute de méthodes comparatives rigoureuses, les études sur la sculpture romane sont longtemps restées incertaines, notamment en matière de datation et d’attribution. En outre, elles étaient entourées d’un certain mépris .

Heureusement, dans la première moitié du XXe siècle, l’œuvre du grand Emile Mâle (1862-1954) est venue combler ces lacunes et a ouvert la voie à de nouvelles enquêtes et à de nouvelles réflexions sur le décor sculpté et peint des églises du VIIe siècle.
Emile Mâle, a souligné et répété combien l’art et les images du Moyen-Âge étaient toujours le produit d’une société, et qu’il était impossible de les étudier sans étudier aussi les structures, l’organisation, la vie matérielle, le savoir, les sensibilités, la foi, les croyances, les aspirations et les rêves de cette société. Même si cette œuvre est aujourd’hui dépassée sur plusieurs points, elle constitue un tournant historiographique de grande importance et demeure un modèle de méthode et d’érudition.

Source, le magnifique livre : tympans et portails romans. Michel Pastoureau .