LE PARADIS AU MOYEN- AGE

On ne peut comprendre l’homme médiéval, sa vie en société, ses croyances et ses actes, si on oublie que, durant toute son existence, il vit ici-bas tout en songeant à l’au-delà. Ces territoires invisibles, effrayants ou rassurants, sont aussi proches, aussi évidents qu’une forêt ou un fleuve coulant à quelques kilomètres.

C’est le quatrième lieu de la géographie de l’au-delà, peut-être celui qui est à la fois le plus varié dans ses représentations, et en même temps, paradoxalement, le moins merveilleux. D’abord parce qu’il est très souvent représenté sous la forme d’un jardin et comme une allégorie de l’Eglise elle-même qui est cette cité de Dieu dont parle saint Augustin (et plus précisément le monastère).
Par la suite, alors que l’Enfer reste identifié au royaume du diable, beaucoup de lieux ici-bas deviennent comme des succursales du royaume de Dieu : jardins ou parcs d’une extraordinaire richesse, monastères opulents où l’on ne manque jamais de rien ; nous ne sommes pas très éloignés du Pays de Cocagne, si ce n’est que ce dernier perd tout caractère religieux.

Le pays de Cocagne, Pieter Brueghel le Vieux(1567)

Même du point de vue de la chronologie très religieuse, le Paradis peut poser problème. Il apparaît comme une sorte d’introduction à l’histoire humaine : Le fameux Eden d’Adam et Eve, avec l’arbre de la connaissance au milieu et le serpent qui se glisse dans le décor. Le Paradis est alors l’ensemble de la terre, quand l’homme était innocent. Puis il est devenu céleste et l’aboutissement de l’aventure humaine, là où (quand tout va bien ) partent les âmes des trépassés. Alors que les Limbes, le Purgatoire et l’Enfer sont entièrement du domaine de l’Ailleurs, le Paradis lui, est à la fois de l’au-delà et de l’Ici-bas.

le jardin du paradis Fra Angelico 1435

Source Le fantastique au Moyen Age par Samuel Sadaune Docteur ès lettres .