Une fois n’est pas coutume, c’est d’un livre dont je vais vous parler, un recueil de textes époustouflants !
La consolation de philosophie de Boèce est un des textes fondateurs de la civilisation occidentale et , pour le Moyen Âge, un modèle littéraire, poétique, philosophique, moral et spirituel dont on ne dira jamais assez l’importance .
Conseiller du roi Théodoric, Boèce est arrêté en 524, torturé, et c’est dans la prison où il attend son exécution qu’il compose cette œuvre d’une profondeur et d’une beauté stupéfiante. Il n’est guère de question philosophique qu’il n’aborde, en se fondant sur son immense culture, nourrie de la pensée grecque, et à laquelle il n’apporte de réponse originale et vigoureuse. Quant à la trame littéraire de l’ouvrage, à sa composition, à ses figures, à ses images, elles n’ont cessé d’être imitées dans les siècles ultérieurs et d’inspirer les poètes.
Hélas ! quelle ignorance égare et détourne
Les malheureux du droit chemin !
Vous ne cherchez pas l’or dans l’arbre verdoyant
ni ne cueillez les pierres précieuses dans la vigne,
vous ne cachez pas vos filets dans les hautes montagnes
pour enrichir de poisson votre repas,
et si vous désirez poursuivre les biches,
vous ne recherchez pas les eaux Tyrrhéniennes :
bien plus, on connaît les fonds marins
que dissimulent les flots,
quelle onde est féconde en perles neigeuses
et laquelle en pourpre rouge
et aussi quels rivages se distinguent
par leurs poissons délicats ou leurs oursins hérissés.
Mais où se cache le bien que l’on désire,
aveugle, on accepte de l’ignorer,
et ce qui est au-delà du ciel stellaire,
on le cherche enfoncé dans la terre.
Quelles imprécations méritent ces esprits stupides ?
Qu’ils briguent richesses et honneurs,
et quand il auront acquis de faux biens par un pénible effort,
qu’ils apprennent à connaitre les véritables biens.